Implant Lapine
Sommaire
- Examen histopathologique du tractus génital de lapines traitées une ou deux fois avec un implant à la desloréline pour supprimer de façon réversible leur fonction ovarienne
- Histopathologie examination of the genital tract in rabbits treated once or twice with a slow-release deslorelin implant for reversible suppression of ovarian function.
- La stérilisation chirurgicale des lapines est classiquement recommandée pour prévenir l’apparition des pathologies utérines, fréquentes dans cette espèce.
Auteurs de l’étude : Drs. Geyer A, Poth T, Otzdorff C, Daub L, Reese S, Braun J, Walter B. Theriogenology 2016;86:2281-2289. Auteurs de l’avis d’expert : Drs. Christophe Bulliot, Sophie Romain. Abstract-Vet 37;p13 Service NAC – Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux. E-mail : nac@chvcordeliers.com
Objectifs
Cette étude menée sur 13 lapines réparties en deux groupes a pour but d’évaluer l’efficacité d’un implant sous-cutané de desloréline à 4,7mg sur le fonctionnement ovarien, l’hypothèse étant que l’ovulation et la pseudogestation ne peuvent être induites pendant l’action de l’implant.
Implant Lapine
Matériel et méthodes
Le premier groupe est composé de sept lapines ayant reçu un implant avant la puberté (à l’âge de 2 mois). L’implant a été retiré après 273 jours (9 mois); 105 jours (3 mois et demi) après ce retrait et après avoir confirmé un retour de la fonction ovarienne, les lapines, alors âgées de 430 jours, soit plus de 14 mois, reçurent un second implant. Une ovariohystérectomie a été effectuée 2,5 à 9 mois après la pose et alors que ce dernier était encore efficace.
Le second groupe est composé de six lapines ayant déjà présenté plusieurs cycles sexuels induits chimiquement et confirmés par des dosages sanguins de progestérone avant de recevoir un implant. L’âge des lapines lors de la pose de l’implant variait de 177 jours (6 mois) à 387 jours (un peu plus de 1 an). L’implant est retiré après 9 mois, puis les ovulations induites chimiquement. Les lapines sont ensuite stérilisées par ovariohystérectomie à des âges variant de 692 jours à 713 jours (environs 23 mois).
Résultats
Une analyse histologique a été effectuée sur l’utérus et les ovaires après stérilisation des lapines des deux groupes. Une hyperplasie endométriale et une endométrite (purulente dans quatre cas) ont été constatées sur sept des 13 lapines et ce parmi les deux groupes. Ce dernier point très important laisse à penser que l’implant ne permettait pas la prévention des pathologies utérines par la suppression de l’activité ovarienne.
L’avis de l’expert
Cette étude très intéressante montre l’innocuité, l’efficacité et la réversibilité de l’effet de l’implant sous-cutané de desloréline à 4,7mg sur l’activité ovarienne de la lapine. Aucun effet indésirable n’a été observé sur les lapines de l’étude. Le retour d’un comportement sexuel a été observé après le retrait de l’implant chez toutes les lapines de l’étude (après retrait du premier implant pour le groupe 1). Notons qu’une ovulation semble avoir été induite par la pose de l’implant dans deux des sept cas du groupe de lapines pré-pubères. L’étude montre une efficacité moyenne de l’implant avec une suppression de l’activité ovarienne durant 9 mois mais ne fournit pas d’information sur la durée de l’efficacité moyenne de l’implant car il a été à chaque fois retiré chirurgicalement durant l’étude. La desloréline est un analogue de synthèse de la GnRh. Il a été conçu pour la suppression temporaire de l’activité sexuelle chez le chien mâle. Il a reçu par la suite une habilitation d’utilisation chez le furet mâle pour le dosage à 9,4mg. D’autres études sur l’efficacité hors AMM de l’implant de desloréline chez les petits mammifères de compagnie ont été publiées.
Les principales études sur l’efficacité de l’implant de desloréline 4,7mg sur la suppression de l’activité ovarienne des mammifères de compagnie ont été effectuées chez le furet, le lapin et le rat.
Les études indiquent chez le furet mâle une efficacité d’au moins 16 mois[1], et chez la furette une efficacité moyenne de 23 mois [2] à 23 mois [3]. Un cas clinique chez un unique mâle [4] a avancé l’efficacité de l’implant pour la castration chimique d’un lapin mâle mais une seconde portant sur un groupe de six lapins [5] conclut que l’implant n’est pas adapté pour la castration chimique des lapins mâles.
Plusieurs études ont été menées chez le rat.
Alkis et al. [6], et Cetin et al. [7], montrent une suppression de l’activité sexuelle chez des femelles durant au moins 1 ans. L’intérêt de la stérilisation par implant des rates dans le cadre de la prévention de pathologies génitales telle que les tumeurs mammaires est encore à démontrer.
Smith et al. [8] montrent une diminution de deux tiers de la taille les testicules faisant suite à la pose d’un implant chez les mâles.
La stérilisation chirurgical des lapines est recommandée par la plupart des auteurs pour deux indications principales : la prévention des comportements sexuels (agressivité, territorialité, marquage de territoire) et la prévention des maladies de l’appareil reproducteur. Soixante pour cent des lapines non stérilisées de plus de 3 ans sont susceptibles de développer un adénocarcinome utérin. Le recours à une méthode non invasive telle que la pose d’un implant contraceptif est une alternative à la stérilisation chirurgicale confirmée chez le furet des deux sexes et serait très intéressante chez la lapine. Mais l’étude ici décrite indique que l’implant ne semble répondre qu’à la première indication.
Des études supplémentaires et notamment sur du plus long terme seraient très intéressantes pour évaluer la durée d’action de l’implant de desloréline à 4,7 mg sur l’activité ovarienne de la lapine (minimum de 9 mois pour les 13 lapines de l’étude ici décrite) et pour confirmer l’absence d’intérêt de l’implant dans la prévention des pathologies utérines dans cette espèce.
La stérilisation chirurgicale des lapines par ovariohystérectomie reste, au vu de cette étude, la méthode de choix dans la prévention des maladies du tractus génital dans cette espèce. Elle doit être recommandée avant l’âge de 2 ans.
Il est impossible d’affirmer que la stérilisation temporaire par pose d’implant de desloréline à 4,7 mg pourrait être envisagée en vue de gestion seule du comportement sexuel chez des lapines chez lesquelles une contre-indication à l’anesthésie existe (pathologies cardiorespiratoires, etc.) car l’étude décrite ici ne porte que sur des animaux en bonne santé.
L’innocuité de l’implant chez des lapines ayant une altération de la santé n’a pas été étudiées. Mais cette étude ne ferme pas totalement la porte à l’intérêt de l’implant de desloréline sur la prévention des maladies utérines chez la lapine.
Dans le groupe1, les lapines ont reçu leur premier implant avant la puberté. L’apparition de l’activité sexuelle a été attendue après le retrait de l’implant et avant la pose du second implant. L’ovariohystérectomie a été effectuée avant la fin de l’efficacité du second implant. Dans le groupe2, les lapines ont déjà eu des cycles sexuels avant la pose de l’implant et ont été stérilisées chirurgicalement après constatation d’un retour de l’activité ovarienne faisant suite au retrait de l’implant. Dans les deux cas, le fait d’avoir attendu d’observer une activité ovarienne avant stérilisation chirurgicale avait pour but d’objectiver la réversibilité de l’efficacité de l’implant. Les auteurs soulignent ainsi en conclusion qu’une étude de l’évolution de l’utérus serait intéressante chez des lapines traitées par implant mais sans interruption et en débutant avant la puberté.
Bibliographie
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