Ostéosarcomes maxillofaciaux
Sommaire
- L’ostéosarcome est la quatrième tumeur la plus fréquente de la bouche 1 (après le mélanome, le carcinome épidermoïde et le fibrosarcome) : il représente 9 à 12 % des tumeurs buccales.
Auteur : Dr. S. Etchépareborde 28-02-2013
Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29-35 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux.
E-mail : setchepareborde@chvcordeliers.com
Ostéosarcomes maxillofaciaux
Des particularités à connaître
Ces tumeurs ne se comportent pas de la même façon que les ostéosarcomes appendiculaires et ils sont donc généralement catalogués dans les ostéosarcomes axiaux ou des os plats.
Et même dans cette catégorie, les ostéosarcomes oraux et maxillofaciaux progressent plus lentement et ont une tendance moindre à métastaser que les autres tumeurs axiales.
- La plupart des chiens avec une tumeur de la bouche sont présentés suite à la découverte de la masse par le propriétaire.
- Lorsque la tumeur est caudale dans la bouche, elle est peu visible de l’extérieur et les animaux sont donc présentés pour ptyalisme, exophtalmie, gonflement de la face, epistaxis, halitose, dysphagie, douleur ou saignements.
- La perte de dents, surtout chez un animal avec une bonne hygiène dentaire, est un signe de lyse osseuse.
- L’âge moyen des chiens présentés avec des ostéosarcomes oraux est de 9 à 10 ans.
- Il n’y a pas de claire prédisposition sexuelle.
- Les boxers ont des prédispositions pour développer des ostéosarcomes des os plats 2.
Diagnostic
Il est indispensable de faire la différence entre un ostéosarcome et les autres tumeurs fréquentes de la bouche avant de réaliser la chirurgie.
Si l’examen de première intention reste la radiographie (attention, la lyse osseuse n’est pas visible tant qu’au moins 40 % du cortex n’est pas détruit), celle ci est de loin supplantée par le scanner.
L’utilisation de celui-ci a nettement augmenté la survie des patients atteints d’un ostéosarcome buccal en humaine. Le scanner permet de juger de l’extension de la tumeur vers la cavité nasale, l’orbite ou le nasopharynx et de mieux apprécier l’invasion osseuse (figures 1 à 5).
Les ostéosarcomes présentent souvent un mélange de lésions lytiques et productives. Ces lésions ne sont cependant pas pathognomoniques et peuvent être vues avec d’autres types de tumeurs.Accessoirement les reconstructions en 3 dimensions du scanner permettent de préparer la chirurgie, de prendre des repères et de prévisualiser les traits d’ostéotomie (figures 6 et 7).
Durant l’anesthésie pour le scanner, des biopsies pour histopathologie doivent être réalisées. Les calques et aspirations à l’aiguille fine des tumeurs buccales sont décevants à cause de la nécrose et de l’inflammation.
Traitement
La nomenclature des différentes chirurgies possibles est montrée tableau 1.
Ces ostéosarcomes sont localement agressifs. Il a été rapporté que jusqu’à la moitié des chiens opérés pour un ostéosarcome mandibulaire ont des récidives locales et jusqu’à 90 % pour les ostéosarcomes maxillaires. La récidive locale est la cause de l’euthanasie dans 54 à 80 % des cas 3. Leur potentiel métastatique est cependant le plus faible de tous les ostéosarcomes et une étude récente a montré que seuls 6 % des animaux présentés pour un ostéosarcome de la tête ont des métastases visibles au moment du diagnostic 4.
Jusqu’à présent, l’avantage de la radiothérapie et/ou chimiothérapie en plus de la chirurgie n’est pas clair. Une chirurgie large est le meilleur traitement à ce jour.
Les mandibulectomies et maxillectomies sont extrêmement bien tolérées par les chiens et alors que chez le chat une sonde d’œsophagostomie est recommandée pour la période postopératoire, celle-ci est rarement nécessaire chez le chien qui se réalimente très vite tout seul. La principale barrière pour les propriétaires est la cosmétique 5. À tort, car peu de chirurgies entraînent des déformations importantes ou même visibles. Les mandibulectomies sont associées avec une langue qui sort un peu plus et avec de la salivation (figures 8 et 9).
Les maxillectomies rostrales bilatérales dévient la truffe vers la bas et certaines maxillextomies latérales importantes peuvent entrainer la présence d’une légère dépression sur le museau mais la plupart des maxillectomies sont à peine visibles (figures 10 à 13).
Ces effets sont plus ou moins visible selon la race : une même chirurgie de la bouche chez un Jack Russel qui a peu de babines sera plus visible que chez un cocker aux babines tombantes.
Pronostic
Que ce soit pour les tumeurs du maxillaire ou de la mandibule, le temps de survie médian a été corrélé avec la localisation (rostrale versus caudale) de la tumeur. Ceci est très probablement lié à une plus grande facilité de retirer la tumeur avec des marges suffisantes lorsque celle ci est plus rostrale. La tableau 2 rappelle les médianes de survie en fonction des localisations.
Le taux de récidive varie entre 27 % lorsque les marges ne sont pas saines à 17 % avec des marges saines dans les études les plus optimistes.
Les ostéosarcomes buccaux ne sont pas des tumeurs fréquentes. Ils réagissent de manière différentes des ostéosarcomes appendiculaires en ayant tendance à métastaser plus tardivement.
Le traitement est chirurgical et une excision complète est le meilleur facteur pronostic.
Bibliographie
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